Obtenir un prêt bancaire pour créer une entreprise en Suisse
Créer son entreprise en Suisse, nécessite souvent un financement initial important. A ce moment une question se pose : où trouver les premiers fonds ?
Le prêt bancaire est une solution prisée pour obtenir ces fonds, mais l’accès au crédit n’est pas toujours aisé pour un nouvel entrepreneur.
L’équipe d’Entreprendre.ch vous propose des conseils concrets pour monter un dossier solide et passer avec succès l’étape du prêt bancaire, ainsi que des alternatives de financement disponibles pour les entrepreneurs à travers la Suisse.
Pourquoi choisir un prêt bancaire pour financer son entreprise ?
Un crédit bancaire est un levier privilégié pour le financement de son entreprise car il est souple, moins dilutif et plus avantageux qu’un investisseur en capital qui prendra une du capital et une part des bénéfices.
Cependant, l’accès au crédit n’est pas toujours aisé pour les nouveaux venus sur le marché de l’entrepreneuriat. En phase de démarrage, sans historique financier ni relation de confiance établie, il n’est pas rare qu’un entrepreneur doive solliciter l’aide de sa famille ou de ses proches, faute de soutien bancaire immédiat.
Pourtant, il faut savoir que les banques suisses financent chaque année de nombreux projets entrepreneuriaux. La forme juridique de la société joue un rôle important. Il sera plus facile d’obtenir un emprunt en tant que Sàrl ou SA plutôt qu’avec une raison individuelle.
Toutefois, dans tous les cas, avec une préparation rigoureuse et les bons atouts, vous pouvez maximiser vos chances de convaincre une banque de vous suivre dans votre aventure.
Comment monter un dossier efficace pour obtenir votre prêt ?
Obtenir un prêt pour lancer votre activité exige de bien préparer votre demande.
Un business plan clair et vivant
Votre plan d’affaires doit raconter l’histoire de votre projet : besoin du marché, proposition de valeur, stratégie commerciale.
Ajouter également le profil des concurrents avec les chiffres clés : objectifs de ventes, marges attendues, structure de coûts, investissements et plan de financement sur 3 à 5 ans.
Des prévisions financières réalistes et un plan de remboursement
Indiquez clairement comment vous comptez utiliser les fonds empruntés et sur quelle durée vous envisagez le remboursement. Un échéancier de remboursement cohérent, en phase avec vos projections de revenus, rassurera la banque.
Au-delà de la description du projet, votre dossier doit comporter des chiffres prévisionnels crédibles (compte de résultats prévisionnel, budget de trésorerie, plan de trésorerie mensuel, etc.).
Ces données permettent de démontrer la rentabilité attendue et surtout votre capacité à rembourser le prêt.
Un apport personnel suffisant
Les banques n’ont pas vocation à financer 100% du projet, elles attendent de l’entrepreneur qu’il prenne aussi une part du risque en investissant ses fonds propres. En pratique, on observe que les établissements exigent souvent un apport personnel d’environ 20 à 30 % du total des besoins financiers.
Cela signifie que si votre projet nécessite 100’000.- CHF, la banque pourrait vous demander de contribuer à hauteur de ~20’000 à 30’000.- CHF sur vos propres ressources (épargne, 2ᵉ pilier, love‑money, etc.).
Important : Plus votre apport est important, plus votre dossier gagnera en crédibilité aux yeux du prêteur. À l’inverse, un manque total d’apport rendra très difficile l’obtention d’un prêt, sauf cas particuliers.
Garanties et sûretés à présenter
Pour se protéger du risque de non-remboursement, la banque demandera généralement des garanties. Il peut s’agir d’actifs de l’entreprise (machines, véhicules, stock) ou de garanties personnelles (bien immobilier, économies nanties, etc.). Plus vos garanties sont tangibles, meilleures seront vos conditions de financement.
Si vous ne disposez pas d’assez d’actifs, un tiers peut se porter garant, comme une société de cautionnement qui couvrira une partie du prêt.
Mentionnez clairement dans votre dossier tout ce que vous pouvez engager. En l’absence totale de garanties, un projet solide reste finançable, mais la banque pourra exiger des conditions plus strictes (taux majoré, caution personnelle, etc.).
Votre crédibilité d’entrepreneur
N’oubliez pas que vous faites partie du dossier. La banque évalue non seulement le projet, mais aussi la personne qui le porte. Mettez en avant vos compétences, votre expérience professionnelle, vos qualifications et tout ce qui peut rassurer sur votre capacité à mener l’entreprise au succès.
Les banques examineront aussi votre situation financière personnelle (taux d’endettement actuel, éventuels crédits en cours, historique bancaire) ainsi que votre sérieux car un entrepreneur fiable, préparé et compétent, c’est un projet qui a plus de chances de réussir et donc plus de chances d’être financé.
Aides et garanties possibles pour faciliter l’obtention d’un prêt
Malgré un dossier sérieux, vous pourriez vous heurter à la réticence d’une banque si votre projet est jugé risqué ou si vous manquez de garanties. Heureusement, en Suisse il existe des organismes de soutien qui peuvent vous aider à décrocher le financement en sécurisant une partie du risque pour la banque.
Les cautionnements fédéraux et régionaux
La Confédération soutient quatre coopératives de cautionnement et couvre 65 % du risque de perte supporté par ces entités.
Concrètement, cela signifie que si vous obtenez un prêt bancaire de, par exemple, 300’000.- CHF cautionné par une coopérative, celle-ci couvrira une large part du prêt en cas de défaut, réduisant d’autant le risque supporté par la banque prêteuse.
Le cautionnement Romand
Le cautionnement Romand coopérative active en Suisse romande (couvrant les cantons de Genève, Vaud, Fribourg, Neuchâtel, Valais, Jura), est un cas emblématique. Elle fournit des garanties de prêt aux petites entreprises, permettant ainsi d’accéder plus facilement au crédit bancaire malgré un manque de sûretés réelles.
Pour bénéficier d’un cautionnement, l’entrepreneur doit monter un dossier spécifique à soumettre à la coopérative, démontrant la viabilité du projet et sa capacité de remboursement. Si la coopérative accepte de vous cautionner, elle peut couvrir typiquement 50 à 60% du montant du prêt.
Les soutiens cantonaux
En plus des coopératives de cautionnement à l’échelle nationale, certains cantons ou villes offrent leurs propres aides financières pour les créateurs d’entreprise, souvent sous forme de prêts directs ou de cautionnements locaux.
La Fondation d’aide aux entreprises (FAE Genève)
Le canton de Genève dispose d’un écosystème bien développé. La FAE peut cautionner jusqu’à 70% d’un prêt bancaire accordé aux nouvelles entreprises et octroie même, dans certains cas, des prêts directs pouvant aller jusqu’à 500’000.- CHF.
Pour être éligible, le projet doit être jugé solide et bénéfique à l’économie et le dossier doit inclure un business plan et des comptes prévisionnels détaillés.
La Fondation Fondetec (Genève)
La Fondetec offre des prêts à taux préférentiel aux petites entreprises locales, généralement pour des montants allant jusqu’à 150’000.- CHF, et cible des projets ancrés dans le canton de Genève.
Là aussi, un business plan solide est requis et la sélection se fait sur la viabilité économique du projet. Ce type de prêt public, complémentaire aux banques, peut donner un coup de pouce si votre demande de crédit classique est insuffisante pour couvrir tous vos besoins.
Le Microcrédit Solidaire Suisse
Le canton de Vaud collabore avec Microcrédit Solidaire Suisse et dispose de la Fondation pour l’Innovation Technologique (FIT) qui soutient financièrement les startups innovantes.
Vous pouvez également trouver dans le canton du Valais, la Fondation The Ark, qui propose des aides (surtout pour l’innovation et les technologies).
Il est recommandé de vous renseigner auprès de votre département cantonal de l’économie ou de votre commune, car il existe parfois des fonds de soutien locaux moins connus. Le site du portail PME (SECO) recense certaines de ces aides publiques régionales.
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Quelles banques choisir pour votre projet ?
Une fois votre dossier bien ficelé, vers qui se tourner pour demander un prêt professionnel ?
En Suisse, les entrepreneurs ont accès à un paysage bancaire diversifié. On peut distinguer plusieurs types d’établissements susceptibles de financer votre entreprise.
Banques commerciales nationales
Prenons comme exemple l’UBS, présente dans de nombreuses villes suisses, elle offre des services complets aux PME et dispose de ressources étendues mais applique des critères souvent stricts.
Banques cantonales et régionales
Il y a la BCGE, BCV et BCN, ancrées localement, elles connaissent bien le tissu économique de leur région et peuvent se montrer plus souples avec les petits projets qui créent de l’activité locale.
Banques coopératives et institutions spécialisées
Le réseau Raiffeisen, Banque WIR ou caisses d’épargne régionales financent volontiers les TPE locales et proposent parfois des offres originales comme les crédits en monnaie WIR.
Néo‑banques et offres digitales
Yapeal, Zak, Yuh et d’autres néo‑banques sont idéales pour gérer la trésorerie à bas coût et ouvrir un compte rapidement. Mais elles sont peu adaptées au financement car elles n’offrent pas encore de prêts aux entreprises.
Alternatives complémentaires au crédit bancaire
Même si le prêt bancaire demeure le mode de financement classique, il n’est pas la seule voie pour financer le lancement de votre entreprise.
Selon la nature et l’ampleur de votre projet, vous pourriez envisager des aides à l’entrepreneuriat ou des solutions de financement alternatives, à combiner éventuellement avec un emprunt bancaire ou à utiliser en substitution si la banque refuse de vous suivre.
Microcrédit Solidaire Suisse
Pour les petits projets sans garanties suffisantes, le microcrédit (ex. Microcrédit Solidaire Suisse) propose jusqu’à 30’000.- CHF à taux de 4% sur 4 ans, avec accompagnement gratuit. Accessible via un dossier simplifié, c’est une excellente porte d’entrée pour lancer une activité artisanale ou de proximité.
Plateformes de Crowdfunding et crowdlending
Le financement participatif vous permet de lever des fonds via des plateformes comme Swisspeers ou Cashare. Le crowdfunding s’adresse plutôt aux projets créatifs ou sociaux, tandis que le crowdlending fonctionne comme un prêt classique, mais auprès d’investisseurs particuliers avec un accès rapide et sans garanties exigées.
Investisseurs privés et capital-risque
Pour les projets innovants à fort potentiel, les business angels ou fonds VC peuvent injecter du capital en échange de parts. Solution adaptée si l’emprunt est risqué ou insuffisant, mais qui nécessite un business plan solide et une capacité à convaincre.
Conclusion – Un prêt bancaire, c’est possible mais ça se mérite
Obtenir un prêt bancaire pour lancer son entreprise en Suisse est un parcours exigeant, qui oblige l’entrepreneur à structurer son projet de façon rigoureuse.
Préparez-vous minutieusement votre dossier, car un bon dossier, c’est déjà 80% du chemin parcouru. Renseignez-vous sur les critères des banques, adaptez votre demande à votre interlocuteur et n’hésitez pas à mobiliser les aides à disposition pour mettre toutes les chances de votre côté.
Vous pouvez également faire appel à des professionnels comme Entreprendre.ch pour vous aider à structurer votre projet avant de lancer votre demande.
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Quelle part d’apport personnel les banques exigent-elles pour les prêts ?
Les établissements demandent généralement 20 à 30 % de fonds propres. Cette part démontre votre engagement et réduit le risque pour le prêteur.
Un cautionnement peut-il remplacer complètement les garanties ?
Non. Le cautionnement couvre en principe 50 à 60 % du prêt, la banque reste exposée sur le solde.
Différences majeures entre banque cantonale et grande banque ?
Les banques cantonales ont un enracinement local et peuvent se montrer plus souples, les grandes banques disposent de services spécialisés mais applique des critères plus standardisés et strictes.
Combien de temps faut‑il pour obtenir un prêt ?
Comptez six à huit semaines entre le dépôt d’un dossier complet et la signature, le crowdlending peut être plus rapide.
Que faire en cas de refus bancaire ?
Augmenter l’apport, solliciter un cautionnement ou compléter via un microcrédit ou un crowdfunding.